Canicule & BTP : que dit le code du travail (obligations, température, précautions) ?

Canicule & BTP : que dit le code du travail ?

Article mis à jour le 16/06/2025

Face à la multiplication des épisodes de chaleur intense en France, les entreprises du bâtiment et des travaux publics doivent adapter les conditions de travail. La canicule impacte directement la santé des salariés, augmente les risques professionnels et impose aux employeurs BTP de respecter un ensemble d'obligations réglementaires définies par le Code du travail et consolidées par le décret du 27 mai 2025.

Quelles sont les obligations de l’employeur BTP en cas de canicule ?

Dès la mise en vigilance orange ou rouge par Météo-France, les employeurs du secteur BTP ont l’obligation de protéger leurs salariés exposés à des températures extrêmes. Ces obligations relèvent de la prévention des risques professionnels (articles L4121-1 à L4121-5 du Code du travail) et s’inscrivent dans le cadre de la sécurité et santé au travail.

L’entreprise doit actualiser le document unique d’évaluation des risques (DUERP) pour intégrer le risque chaleur. Ce document détermine les mesures de prévention à mettre en place face à des conditions climatiques extrêmes, comme l’exposition prolongée au soleil ou à une température élevée sur les postes extérieurs.

Anticipation et adaptation des conditions de travail

Lorsque la température ambiante atteint des seuils critiques, l’employeur doit adapter les horaires de travail, aménager les postes les plus exposés et organiser la rotation des tâches pour limiter l’effort physique pendant les heures les plus chaudes.

La réorganisation du travail devient nécessaire dès que les températures dépassent 30 °C à l’ombre, seuil communément utilisé dans le secteur BTP pour déclencher des actions de prévention chaleur.

Mesures concrètes à mettre en place lors d’un épisode de chaleur

Pour prévenir les accidents du travail liés à la canicule, plusieurs dispositifs doivent être activés sans délai. Ces mesures de prévention canicule visent à limiter les risques de déshydratation, de coup de chaleur ou de malaise chez les ouvriers du BTP :

  • Augmentation de l’accès à une eau potable fraîche en quantité suffisante (au moins 1,5 L par personne/jour)
  • Mise à disposition d’abris ou d’espaces climatisés pour les pauses
  • Équipements de protection individuelle adaptés à la chaleur : vêtements respirants, casquettes, lunettes de protection contre les UV, crèmes solaires
  • Aménagements horaires BTP : début anticipé de journée, fin avancée des chantiers, pauses allongées en milieu de journée
  • Activation d’un protocole de secours en cas de malaise, signalements de symptômes ou troubles liés à la chaleur
  • Diffusion d’une procédure d’alerte chaleur et affichage des recommandations sur les chantiers

Ces dispositions doivent être renforcées en période de vigilance rouge, notamment dans les départements placés en alerte par le plan national canicule.

Existe-t-il une température maximale légale pour le travail ?

La réglementation ne définit pas une température maximale fixe au-delà de laquelle le travail serait interdit. Néanmoins, au-delà de 33 °C en température ressentie, les recommandations du ministère du Travail préconisent de limiter voire suspendre certaines activités physiques extérieures. Ces recommandations sont particulièrement applicables aux postes BTP en plein air.

Le Code du travail impose, via l’article R4225-1, des mesures pour maintenir un air sain et renouvelé, et éviter tout risque lié à une forte chaleur. Le droit du travail impose ainsi aux entreprises du bâtiment d’agir dès qu’un épisode caniculaire menace la santé des travailleurs.

Quels sont les droits des salariés en cas de canicule ?

Droit de retrait

Conformément à l’article L4131-1 du Code du travail, un salarié du BTP peut faire usage de son droit de retrait s’il estime que son exposition à la chaleur présente un danger grave et imminent pour sa santé. Ce droit s’exerce notamment si aucune mesure de prévention chaleur n’a été mise en place malgré des températures extrêmes.

Indemnisation et chômage intempéries

Les arrêts d’activité dus à des chaleurs excessives peuvent ouvrir droit au régime du chômage intempéries BTP. Pour en bénéficier, l’entreprise doit démontrer que l’épisode de chaleur intense rend le travail matériellement impossible et que les dispositifs de protection prévus ne suffisent pas à garantir la sécurité des salariés.

Les règles d’éligibilité sont précises : températures extrêmes dépassant les seuils fixés localement, absence d’abris ou d’ombre, efforts physiques incompatibles avec la chaleur. Le remboursement des pertes horaires peut alors être demandé auprès de la Caisse des congés intempéries BTP.

Décret du 27 mai 2025 : ce qui change

Le décret n°2025-483 du 27 mai 2025 apporte de nouvelles obligations pour les employeurs du BTP durant les saisons caniculaires :

  • Ajout obligatoire du risque « chaleur extrême » dans le DUERP
  • Formation prévention chaleur obligatoire pour tous les nouveaux salariés et intérimaires
  • Désignation d’un référent canicule chargé de la mise en œuvre des mesures de prévention
  • Tenue d’un registre de signalement des symptômes liés à la chaleur
  • Audit annuel des mesures de prévention mises en place sur les chantiers

Ces nouvelles dispositions renforcent les engagements des employeurs face aux effets du dérèglement climatique sur les conditions de travail.

Prévenir les risques : une obligation renforcée par le dérèglement climatique

Avec la répétition des vagues de chaleur et l’intensification des températures, le secteur du bâtiment est particulièrement exposé. Les risques pour la santé des travailleurs sont multiples : épuisement, troubles digestifs, troubles cognitifs, voire perte de connaissance. Les fortes chaleurs sont désormais considérées comme des risques professionnels à part entière.

Les employeurs doivent mettre en place des mesures d’hydratation renforcées, former les salariés à détecter les signaux d’alerte et adapter en permanence leur organisation en fonction de la vigilance météorologique. Le respect de la réglementation contribue à éviter des maladies professionnelles liées à la chaleur, mais aussi à prévenir les accidents du travail en période estivale.

En période de canicule, les vêtements de travail doivent être adaptés pour limiter l’inconfort thermique tout en assurant la sécurité. Pour en savoir plus sur les tenues autorisées en été, découvrez notre article dédié au travail en short dans le bâtiment.

Conseils pratiques pour les employeurs du BTP

  • Surveiller quotidiennement la vigilance météorologique sur Météo France
  • Déclencher des mesures dès l’annonce d’une vigilance orange ou rouge
  • Aménager les horaires de travail pour éviter l’exposition aux pics de chaleur
  • Prévoir une zone de repos fraîche et ventilée accessible à tout moment
  • Distribuer des équipements de protection individuelle adaptés aux conditions climatiques
  • Former les salariés à la prévention des risques canicule et aux gestes de secours

À retenir

La canicule dans le BTP engage directement la responsabilité des employeurs. Le Code du travail et les nouvelles dispositions réglementaires (notamment le décret du 27 mai 2025) exigent la mise en place de mesures adaptées à chaque épisode de chaleur intense. Prévention, évaluation des risques, équipements, aménagements horaires, indemnisation, droit de retrait : tout doit être pensé pour garantir la sécurité et la santé des travailleurs du bâtiment en période estivale.

Chaque employeur du BTP doit adapter ses pratiques, renforcer ses dispositifs de prévention chaleur et agir dès les premiers signaux de vigilance. La protection des salariés face à la canicule n’est plus une option, c’est une obligation.

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